La FNATH souhaite, dans le cadre de la réforme des retraites, porter la voix de ses adhérents et de leurs familles, accidentés, handicapés, malades et invalides qu’elle accompagne et défend au quotidien. Elle rappelle au gouvernement qu’il s’agit de personnes qui, du fait de leur accident de la vie, vivent de longues périodes d’inactivité, des parcours professionnels « hachés » ou qui se terminent souvent dès qu’elles franchissent la barre des 50 ans.
La FNATH n’a pas vocation à se prononcer sur l’ensemble de la réforme des retraites et elle souhaite rester en dehors du débat politique étant une organisation précisément « apolitique ».
Certes, s’agissant de l’âge pivot tel qu’il est posé dans le débat actuellement, la FNATH ne peut se satisfaire de cette réponse anti sociale. On sait pertinemment que les plus usés par des expositions aux pénibilités présentent des difficultés avant l’âge de 55 ans.
Au-delà de la discussion sur l’opportunité de « l’âge pivot », la FNATH constate que les réponses politiques de ces 10 dernières années restent en-deçà des attentes, s’agissant de la prise en compte de la pénibilité, de la retraite anticipée des personnes handicapées ou présentant une problématique de santé, des carrières longues, et de l’égalité en matière de droits à la retraite. Force est de constater que le projet de réforme de 2020 ne proposait aucune amélioration notable aux dispositifs de retraite anticipée ; si les dispositifs carrières longues, retraite anticipée pour les personnes handicapées, retraite pour inaptitude, étaient maintenus, les conditions d’accès et leurs régimes n’étaient pas modifiés. Aucun progrès social, aucune mesure de justice sociale !
Enfin, depuis des années, une grande partie des retraités est laissée sous le seuil de pauvreté.
Les pénibilités constituent pour la FNATH le sujet central de toute réforme des retraites en ce qu’il permet de répondre à l’inégalité de l’espérance de vie du fait des conditions de travail.
S’agissant de l’emploi des seniors, le Gouvernement ne propose que des mesures « cosmétiques » avec un fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle doté d’un pécule ridicule (1 milliard de 2023 à 2027, soit 200 millions par an), des visites médicales qui ne feront, au mieux, que constater les dégâts et des possibilités de reconversion aux conditions drastiques et aux avantages limités, un index des seniors qui deviendra un outil de « greenwhashing » sans autre effet concret.
Rien sur l’épidémie silencieuse des licenciements pour inaptitude des salariés vieillissants ou usés évalués pourtant à plusieurs dizaines de milliers par an, dont on connait le parcours vers la précarisation.
Ce que nous demandons :
En préalable, et de façon plus générale, la FNATH souhaite que la mise en application de cette réforme soit repoussée à 2025 compte tenu de l’impact prévu dès le 2e semestre 2023, afin que les personnes qui s’étaient organisées pour partir en retraite dans l’année qui vient puissent le faire.
Maladies et pénibilités :
S’agissant du recul de l’âge de départ, la FNATH expose, avec la plus grande clarté, que cette mesure est radicalement contraire aux intérêts des personnes usées par le travail, exposées à des pénibilités qui présentent un différentiel d’espérance de vie, aux assurés seniors contraints à des arrêts longs, aux invalides, aux travailleurs handicapés, aux allocataires de l’AAH, aux malades chroniques et aux accidentés du travail et malades professionnels.
La prise en compte des pénibilités ne fonctionne que de manière individuelle et exclut, sauf certains statuts particuliers, toute idée d’approche collective et systémique par les listes de métiers ou de classifications professionnelles réputées pénibles.
Le périmètre de ce dispositif est trop limité et se cantonne aux seuls salariés du privé atteints d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail ayant entraîné un taux minimal d’incapacité permanente partielle.
Emploi des seniors, un enjeu majeur :
Pour la FNATH « l’index seniors », sorte d’observatoire de l’emploi des séniors dans les entreprises sera sans effet s’il n’est pas assorti de sanction.
Carrières longues :
Le Gouvernement ne craint pas d’écrire que « les personnes qui remplissent les conditions actuelles du dispositif carrières longues continueront de partir 2 ans avant l’âge légal » mais pour préciser donc à 62 ans quand l’âge légal sera à 64 ans. Autrement dit, alors qu’aujourd’hui les personnes peuvent partir à 60 ans avec la réforme, ce sera 62 ans !
Telle est la réalité de la réforme, + 2 ans pour les carrières longues !!
Pour la FNATH cette réforme est en l’état inacceptable !
Repère
Les retraites en quelques chiffres Selon la CNAV, il y a
presque 15 millions de retraités en France avec une pension moyenne de 1 460 €. L’âge moyen de départ en retraite est de 62,9 ans. Les écarts entre les femmes et les
hommes sont très significatifs. En effet, la pension moyenne des femmes est de 1 145 € pour un âge moyen de
départ en retraite à 63,2 ans alors que celle des hommes est de 1924€ pour un âge de départ moyen en retraite
de 62,7 ans. Le montant minimum de la pension
de retraite se situe entre 652 € et 713€ brut en fonction du nombre de trimestres cotisés (moins de 120 trimestres ou plus) soit très en deçà du seuil de pauvreté fixé 1 128 € en 2022. Les personnes en situation de handicap peuvent partir à la retraite à partir de 55 ans si elles remplissent les conditions requises. Le départ au titre de l’invalidité est possible dès 62 ans (www.service-public.fr).
Indemnisation des AT/MP, stop aux discriminations !