portrait-veronique-daubas-letourneuxVÉRONIQUE DAUBAS-LETOURNEUX

Née en 1971 à Nantes (Loire-Atlantique).

Sociologue, enseignante-chercheuse en santé-travail en santé publique. Membre du laboratoire Arenes (UMR 6051). Membre du Collectif de recherche sur le handicap, l’autonomie et la société inclusive (CoRHASI).

Nommée au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur sur proposition du Ministre du travail (promotion du 14 juillet 2022).

Co-lauréate du Grand Prix de la Protection Sociale 2022 pour l’ouvrage Accidents du travail. Des morts et des blessés invisibles, Bayard, 2021. Prix remis par l’École nationale supérieure de sécurité sociale (EN3S) et la Caisse des Dépôts.

Son nom de famille évoque à la fois le Sud-ouest et le Nord-Ouest de la France. Elle est ori­ginaire de Loire-Atlantique. Ce territoire, quelque part en France, chanté par Didier Barbelivien, est l’écrin des souvenirs de son enfance et de son adolescence.

20 ans sur le sujet et les enjeux de santé au travail.

Avec un parcours universi­taire de haut niveau en France et à l’étranger, cette socio­logue, enseignante-cher­cheuse en santé-travail en santé publique travaille depuis plus de 20 ans sur le sujet et les enjeux de santé au travail.

Son défi ! Rendre visible la vie des hommes et des femmes dont les corps et les esprits sont blessés souvent mortelle­ment par leur travail et qui sont relayés régulièrement par la presse locale comme des faits divers.

C’est pour cela qu’elle intitule son livre paru fin septembre 2021 chez Bayard : « accidents du travail, des morts et des blessés invisibles » 14 morts et 12 500 blessés par semaine en France, dans lequel elle ques­tionne l’invisibilité de ce fléau et apporte une contribution à une approche de santé publique des accidents du tra­vail, tournée vers la préven­tion, la protection de la santé des hommes et femmes au travail.

Pourquoi cette invisibilité ? Elle souligne que « les acci­dents du travail restent une catégorie peu interrogée. Cela n’est pas considéré comme un sujet d’intérêt, ce qui renvoie à toute une hiérarchisation, comme la médecine du travail est moins cotée que la radiolo­gie par exemple ».

« L’autre point, c’est la capa­cité de mobilisation des catégories de populations concernées. Sur les accidents du travail on n’a pas un groupe identifié, mobilisé, comme cela a pu se voir autour du phénomène de l’amiante où des associations se sont créées ».

Enfin, « le lieu de l’accident compte beaucoup dans le déclenchement ou non d’une couverture médiatique. A cet égard, l’exemple de l’accident d’un ingénieur de la SNCF près de la ligne TGV à Massy est frappant. On a beaucoup plus parlé de la population gênée que de l’accident du travail en lui-même ».

Elle constate que c’est souvent la responsabilité du travailleur et non de l’entreprise qui est questionnée considérant le risque comme faisant partie du métier.

Tout le mérite de Véronique Daubas-Letourneux est d’aller au-delà des statistiques et de scruter ce que révèlent ces évènements : Intensification du travail, horaires, sous-effectif, pressions diverses, urgence, minutage des tâches chez les soignants dans les EHPADS pour faire une toi­lette par exemple ou chez les préparateurs de commandes des grandes plateformes.

« Les accidents du travail sont dus au travail » résume la chercheuse dans une formule simple.

Ils nous renseignent sur les « risques du travail », sur leur inégale répartition dans la population. Ils sont un indica­teur de l’organisation du tra­vail ; des inégalités de santé, de conditions de travail ; de durée de vie. Ils pourraient donc et même devraient constituer un indicateur important des politiques publiques de santé.

 

Accidents du travail. Des morts et des blessés invisibles,

Véronique Daubas­- Letourneux,

Bayard 2021

300 pages – 18,90 euros