Dans un rapport qu’elle rend public à l’occasion d’un colloque, l’association Solidarités nouvelles face au chômage s’alarme des effets que peut avoir le chômage sur la santé.
« Nous espérons que ce rapport contribuera à une prise de conscience de l’ensemble des acteurs concernés afin que la santé des chercheurs d’emploi, véritable enjeu de santé publique, puisse être reconnue et prise en compte », souligne le président de l’association, Gilles de Labarre, en introduction du rapport. Le constat est sans appel : d’une parte le marché du travail instaure et accroît la précarité de longue durée et l’accès à la formation devient plus difficile pour les salariés non-qualifiés et les personnes au chômage.
Des effets sur la santé sous-évalués
Les rares études concernant de grandes populations de chercheurs d’emploi mettent en évidence les effets négatifs du chômage sur plusieurs aspects de la santé somatique et psychique. Ainsi, on observe une surmortalité des chercheurs d’emploi avec 10 000 à 14 000 décès « imputables » chaque année au chômage. Cette surmortalité parait liée à des maladies, notamment à des pathologies cardiovasculaires plus fréquentes chez les chercheurs d’emploi, aux conséquences de comportements addictifs apparus après la perte d’emploi ou à des suicides.
Le chômage impacte également négativement les habitudes de vie, les addictions, les comportements à risque et l’activité physique des personnes qui le vivent, constituant autant de sur-risque pour leur santé. Enfin, l’ensemble des recherches réalisées en psychologie indique que le chômage est vécu comme une épreuve qui s’accompagne de stress, d’anxiété et de déprime mais également d’un profond sentiment de honte et de culpabilité. En cela, l’expérience du chômage constitue souvent un véritable traumatisme.
Le renoncement aux soins
En dépit de ces fragilités, les personnes au chômage renoncent davantage aux soins que les actifs occupés, notamment pour des raisons financières. Elles bénéficient en effet, d’une moins bonne protection complémentaire que les autres populations et les complémentaires souscrites sont moins favorables pour le remboursement des lunettes, des appareils auditifs et des prothèses dentaires. Par ailleurs, l’éloignement de l’offre de soins, l’avance des frais de santé, le manque d’information sur le remboursement, voire la crainte d’être pénalisé dans sa recherche d’emploi en cas d’arrêt constituent des facteurs de renoncement supplémentaires de même que les facteurs sociaux (méconnaissance des droits sociaux) et psychologiques (moindre priorisation des problèmes de santé dans une situation sociale instable, négligence de l’écoute de son corps dans un contexte de restriction des besoins).
Appel à témoignage
La FNATH lance un projet de sensibilisation des addictions pour les personnes qui sont en arrêt de travail ou au chômage. Différentes études montrent en effet que ces périodes sans activité sont susceptibles de renforcer tous les types d’addictions. Qu’il s’agisse d’une addiction aux médicaments, souvent nécessaires pour se soigner, ou bien à d’autres produits tels que le tabac ou l’alcool. Lorsque l’on doit faire le deuil de sa santé et de sa profession, tomber dans les addictions n’est pas anormal. Mais des addictions prolongées peuvent aussi rendre plus compliqué, par exemple, un retour à l’emploi. Si tel est votre cas, n’hésitez pas à nous contacter, vos témoignages pourront rester anonymes : antenne.nationale@fnath.com