Aujourd’hui, la Sécurité sociale traverse une crise financière sans précédent.  En 2025, le déficit global devrait atteindre 21,9 milliards d’euros. Ces tensions financières sont aggravées par plusieurs phénomènes structurels : une population vieillissante, la croissance des pathologies chroniques et des affections longue durée (ALD), ainsi que l’inflation continue des dépenses médicales alors que les recettes progressent plus lentement. À cela s’ajoute la hausse des prix des médicaments et dispositifs médicaux.

Cette conjoncture financière tendue s’insère dans un climat de fragilité politique : après une succession de crises, la stabilité du gouvernement est de nouveau menacée.

Dans ce contexte, le PLFSS 2026 risque d’être perturbé.

Le Premier ministre François Bayrou a sollicité un vote de confiance le 8 septembre et un nouveau gouvernement prendra certainement rapidement sa suite, rendant le calendrier législatif incertain. Des milliards en moins pour les plus fragiles Quel que soit le gouvernement qui prendra les rênes, la FNATH s’inquiète profondément des orientations envisagées, notamment si elles suivent celles présentées le 15 juillet dernier par François Bayrou. Il avait annoncé viser un objectif de 43,8 milliards d’euros d’économies, notamment via la suppression de deux jours fériés, mais aussi en engageant une refonte de nombreuses prestations sociales et de plusieurs dispositifs de santé.

Derrière ce chiffre impressionnant, ce sont des vies quotidiennes qui risquent d’être directement impactées. Les menaces sur les plus précaires et sur les malades ne sont pas théoriques, elles sont nombreuses et très concrètes.

Ainsi, le Premier ministre a confirmé une nouvelle hausse des franchises médicales et des participations forfaitaires. Concrètement, cela signifie que chaque passage chez le médecin, chaque boîte de médicaments ou chaque soin infirmier coûtera davantage aux assurés sociaux. Pour les personnes en bonne santé et aux revenus confortables, l’impact peut sembler limité. Mais pour un malade chronique qui multiplie les consultations et les traitements, l’addition devient vite insupportable. C’est une double peine : être malade et  devoir payer davantage pour se soigner.

Mise en danger social

Les arrêts de travail et les indemnités journalières sont également dans le viseur. Rappelons que dans le PLFSS précédent, le plafond des indemnités a déjà été abaissé de 1,8 à 1,4 SMIC, réduisant les ressources des malades en incapacité de travail. De nouvelles réductions ne sont pas à écarter, dans le seul objectif de « responsabiliser » les assurés.

Pour la FNATH, il ne s’agit pas de responsabilisation mais d’une mise en danger sociale : limiter les indemnités, c’est condamner les personnes malades à devoir choisir entre se soigner correctement ou conserver un minimum de revenus pour vivre. Le durcissement des règles concernant les ALD est aussi évoqué. Ces affections concernent de nombreux patients qui bénéficient d’une prise en charge à 100 % parce que leurs pathologies imposent des traitements lourds et réguliers. Remettre en cause ce dispositif, même à la marge, reviendrait à compromettre l’accès aux soins de longue durée. Ce serait un recul majeur de la solidarité nationale, et la FNATH ne peut que rappeler combien ces dispositifs sont vitaux pour éviter que maladie ne rime avec exclusion.

De la même manière, le transport sanitaire est identifié comme une dépense à réduire. Pourtant, pour de nombreux malades ou personnes en situation de handicap, ce transport n’est pas un confort mais une condition essentielle pour accéder aux soins. Compliquer ou réduire son remboursement, c’est enfermer ces patients chez eux, les isoler socialement et médicalement.

L’économie budgétaire se ferait au prix d’une dégradation immédiate de leur
qualité de vie. Accroître la pauvreté Enfin, plane le spectre d’une « année blanche » budgétaire, avec le gel ou le report des revalorisations de prestations et d’allocations. Une telle mesure frapperait de plein fouet les plus vulnérables. Pour une personne en situation de handicap vivant avec quelques centaines d’euros par mois, chaque revalorisation compte, ne serait-ce que pour faire face à la hausse des loyers ou de l’énergie. Retarder ces ajustements, c’est aggraver leur pauvreté.

La FNATH ne supporte plus que les économies soient sans cesse ponctionnées aux dépens de celles et ceux qui ont le moins, qu’il s’agisse de malades, de personnes en situation de handicap ou de précaires. Il est temps de rappeler  que la Sécurité sociale est un droit fondé sur la solidarité : chacun cotise selon ses moyens et doit recevoir selon ses besoins. L’éloignement de cette logique menace gravement la cohésion sociale. Nous ne pouvons plus accepter que la politique de l’offre, mise en œuvre depuis des années, soit en partie responsable des déficits colossaux qu’on réclame aujourd’hui aux plus faibles.  Nous voulons une véritable justice sociale, pas des économies de façade. Comme chaque année, nous resterons mobilisés, prêts à échanger et partager nos inquiétudes auprès du maximum de parlementaires, d’élus et d’administrations. Nous sommes à la tâche malgré un contexte plus inquiétant et incertain que jamais.